2 ans auparavant, Daeffers & Shrieffer

— Bon, alors, vous en êtes où, fit Daeffers ? Il était irrité, comme souvent.

Shrieffer toussa nerveusement.

— Ce matin, D-61 est parti rendre visite à la chinoise, comme prévu.

— Oui, il doit lui faire peur, mais surtout, il faut qu'il la laisse en vie, l'interrompit Daeffers. Il a bien compris ça ?

— Nous lui avons fait très clairement comprendre que s'il allait au-delà des limites que nous avions fixées, il était mort.

— OK, impeccable. Et alors ?

— On attend son rapport. En fait, je suis venu vous voir pour une autre raison... Enfin, pas tout à fait une autre raison.

— Soyez plus clair Shrieffer, voulez-vous !

— Nous avons intercepté un rapport de la police d'Almogar qui m'inquiète.

— Ah bon ?

— Ils ont découvert qui était D-61.

— Quoi ?

— Vous vous souvenez que D-61 lui-même n'était pas très chaud pour cette agression dans le parc de stationnement souterrain, il avait peur de laisser des traces identifiables par recherche d'ADN.

— Et il a eu raison, c'est cela que vous voulez me dire : il est grillé ?

— Oui, ils l'ont identifié, Interpol et tout le toutim. Maintenant qu'ils savent qu'il est dans leur secteur, ils vont le rechercher activement. Mais il y a plus grave.

Shrieffer marqua une pause mélodramatique.

— Crachez le morceau, Shrieffer.

— Il nous a menti. Il avait promis qu'il se tiendrait à carreau, mais il a menti : ce rapport de police fait le rapprochement avec un meurtre correspondant au modus operandi de D-61 et qu'il aurait perpétré il y a déjà un bout de temps, à Almogar. Le pire reste qu'il a repéré sa victime en enquêtant pour nous.

— Pardon ?

— La victime était une connaissance du jeune hacker et de sa copine, la fille aux cheveux bleus.

— Schwartz ! fit Daeffers avec une grimace. Ah, oui, ça, pour une énorme tuile, c'est une énorme tuile ! C'est le genre de trace qu'une opération comme celle-ci ne peut pas, ne doit pas laisser ! Schwartz, cria-t-il avec une rage considérable ! Schwartz ! Genre coïncidence à la con, on n'est pas dans le ouï-dire ! C'est pas du petit témoignage pour fouinard de deuxième zone ! Putain de Schwartz ! C'est un putain de meurtre sur lequel une police aux standards internationaux est en train d'enquêter. Schwartz, Shrieffer ! Ces mecs-là, c'est pire que des poux ! Pire que des hyènes ! Quand ils ont un truc comme ça sur les bras, ils ne lâchent pas le morceau ! Et je ne vous parle pas des reporters qui ne vont pas manquer de rappliquer dès qu'ils sentiront cette Schwartzerie.

Shrieffer restait strictement immobile. Il savait que lorsque Daeffers était dans cet état, il fallait se faire tout petit et se planquer. Daeffers réfléchissait. Il conclut :

« Il est fichu, il va tomber, c'est une question d'heures.

Shrieffer regarda Daeffers dans les yeux, et ce qu'il y vit lui glaça le sang.

« Il ne faut pas qu'il tombe vivant entre leurs mains, fit sèchement Daeffers. Je ne veux pas que son matériel soit retrouvé non plus. C'est un menteur, il a très bien pu garder ce qu'il ne fallait pas sur lui ou chez lui. Envoyez quelqu'un sur-le-champ ! Nettoyage complet, par le vide ! C'est compris ?

Shrieffer ouvrit les bras, désespéré :

— Chef... nous n'avons personne sur place.

Daeffers le considéra un instant comme s'il allait lui tomber dessus. Cependant, il resta silencieux. Il réfléchissait. Il décida :

— OK, on va faire intervenir nos voisins du département Action. Donnez-moi l'adresse, et aussi tout ce que nous avons à son sujet. Je m'en occupe. Tout sera réglé dans moins de quarante-huit heures. Vous croyez que les flics le trouveront d'ici là ?

Shrieffer haussa les épaules

— Je n'en ai aucune idée.

— Qu'est-ce qu'ils ont comme piste ?

— Rien, ils n'ont rien. Seulement l'ADN. Et aussi ils savent qu'il est grand et très costaud. C'est tout.

— Alors, avec un peu de chance, ils ne le trouveront pas avant nous.